Artiste protéiforme et curieux, Ange Dakouo travaille le dessin, la peinture, la sculpture ou encore la vidéo, testant toujours plus de techniques et de matériaux qu’il colle, frotte ou tisse.

En observant le travail d’Ange Dakouo, nous pourrions penser à une sculpture de textile, rappelant celles d’Abdoulaye Konate ou les installations d’El Anatsui.

Elève d’Abdoulaye Konate au conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté de Bamako, Ange Dakouo admire la maitrise de l’équilibre, la justesse des nuances et les jeux de couleurs de son mentor.

La technicité méticuleuse des œuvres d’El Anatsui lui donne cette volonté de pousser ses recherches toujours plus loin et l’envie de se dépasser. Car en regardant de plus près le travail d’Ange Dakouo, nous découvrons un travail fin, soigne et singulier.

Fils d’imprimeur, Ange Dakouo s’empare tout naturellement du journal en papier pour créer ses ≪ gris-gris ≫.

Trace du passe, archive d’une mémoire, le journal qui les compose fige l’histoire et la transporte dans le temps. Ephémère et fragile, cette matière est pour l’artiste à l’image de la vie humaine. Car c’est un ≪ univers harmonieux ≫ des liens tisses montrant l’interaction entre les uns et les autres que souhaite représenter Ange Dakouo. Tissés les uns aux autres, ces petits rectangles rappellent l’amulette protectrice de l’enfant nouveau-né. Il est commun, même systématique, qu’à la naissance d’un enfant, celle-ci soit attachée à son poignet ou à son cou. Les ≪ gris-gris ≫ d’Ange Dakouo rappellent aussi les amulettes protectrices qui composent les tenues des chasseurs traditionnels en Afrique de l’Ouest.

C’est d’ailleurs sur l’idéologie ésotérique, de cette confrérie que l’artiste a travaillé pour son mémoire de fin d’études.

Il s’est particulièrement intéressé a l’esthétique de ces tenues traditionnelles qui influenceront finalement une grande partie de son travail et font de ses ≪ gris-gris ≫ une œuvre d’une belle maturité.