Pionnière de l’abstraction moderne au Maroc, Malika Agueznay développe depuis les années 1960 une œuvre profondément influencée par le vivant : les algues, les formes marines, les cycles de croissance, les mouvements organiques. Formée à l’École des Beaux-Arts de Casablanca sous l’impulsion d’artistes tels que Farid Belkahia ou Mohamed Melehi, elle participe activement au développement de l’École de Casablanca, mouvement fondateur de la modernité artistique marocaine.
Ses formes noires, souvent biomorphiques, s’inscrivent dans une esthétique où se mêlent rigueur formelle et sensualité du geste. Agueznay puise dans la mémoire côtière de son pays : la mer, les marées, les algues utilisées traditionnellement dans l’artisanat. Cette inspiration donne naissance à une grammaire visuelle immédiatement reconnaissable, où les motifs semblent pousser, respirer, s’étirer en silence.
L’évolution de son travail l’a menée vers des formes en relief, où l’organique prend une dimension plus tactile. Ces silhouettes émergent du support comme des présences incarnées, oscillant entre fossile et futurisme. Le noir dense, toujours essentiel, devient matière, volume, énergie.
Son œuvre rayonne dans de nombreuses expositions au Maroc et à l’international, ainsi que dans des collections publiques et privées. Agueznay incarne une ligne de continuité entre tradition et modernité, nature et abstraction. Sa pratique, discrète mais profonde, est un socle pour plusieurs générations d’artistes.
